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2022: l'année du tournant énergétique?

L'année 2022 restera-t-elle comme celle du tournant en matière de politique énergétique et de programmes d'assainissement des bâtiments en Suisse? C'est en ou cas ce que semble indiquer les nombreuses actions prises par les acteurs institutionnels afin d'augmenter la part de production d'électricité indigène et d'atténuer l'impact énergétique de nos bâtiments. Retour sur une année 2022 pas comme les autres.

Production locale d'énergie, rénovation des bâtiments, et développement de l'infrastructure pour voitures électriques se sont imposés cette année comme des thèmes prioritaires pour de nombreux gouvernements.


Guerre en Ukraine, problèmes de corrosion dans les centrales nucléaires françaises, ou encore manque d'eau dû aux sécheresses de cet été : autant de facteurs qui ont chamboulé le paysage énergétique global, et plus particulièrement européen, contraignant gouvernements et consommateurs à se tourner vers des mesures d'efficacité énergétique pour faire face à l'augmentation des prix de l'énergie (voir Figure 1), ceci afin de limiter l'impact de la crise énergétique mondiale sur nos économies.

Figure 1: Variation annuelle des prix de l'énergie en Europe, octobre 2022

(Source: OECD, IEA)


Selon l'Agence Internationale de l'Énergie (IEA) et son rapport Energy Efficiency 2022, les investissements mondiaux dans l'efficacité énergétique ont augmenté de près de 16% en 2022 pour atteindre 560 milliards de dollars, tandis que l'économie mondiale a utilisé l'énergie 2% plus efficacement comparé à l'année précédente. Toujours au niveau mondial, cette année a été marquée par le lancement d'ambitieux programmes en matière d'efficacité énergétique, tels que la loi sur la réduction de l'inflation aux États-Unis, du plan "REPowerEU" de l'Union européenne ou encore du programme japonais "Green Transformation". Ces programmes représenteront des centaines de milliards de dollars d'investissement public qui vont être dirigés dans la décarbonnation des secteurs du bâtiments, du transport et de l'industrie dans les années à venir.


En Suisse, les actions se multiplient également, tant au niveau fédéral qu'à l'échelle des cantons. Par exemple, le contre-projet à l'initiative sur les glaciers dessiné par le Conseil national en automne fixerait pour la première fois dans la loi l'objectif de zéro émission nette d'ici 2050. De plus, CHF 2 milliards seraient libérés sur 10 ans afin d'aider les propriétaires à abandonner les installations de chauffage à base de combustible fossile, tandis que CHF 1.2 milliards seraient alloués pour encourager le développement de technologies propres et de nouveaux processus innovants. Deux autres mesures ambitieuses, soit l'obligation pour toute nouvelle construction de plus de 300m2 d’être munis d’une installation solaire dès 2024 et l'assouplissement des règles entourant les permis de construire pour les grandes centrales photovoltaïques, notamment dans les Alpes, pourraient être ratifiées dans les mois à venir.


À l'échelle des cantons, plusieurs initiatives ont également vu le jour. Par exemple, le canton de Genève a récemment publié un guide pour les installations solaire à Genève prévoyant de multiplier par 5x les capacités de production solaire du canton en 10 ans pour atteindre, d'ici à 2030, une capacité de 350 GWh/an pour le solaire photovoltaïque (voir Figure 2). De plus, le canton a également décidé de simplifier la pose de panneaux solaires pour les bâtiments situés dans les zones villageoises protégées et dans la zone de protection des rives du lac, ce qui monte à 85% le nombre de toitures du canton pouvant désormais accueillir des panneaux solaires sans autorisation de construire. Concernant la rénovation énergétique des bâtiments, le Conseil d'Etat a récemment sollicité un crédit d'investissement de CHF 1 milliard, le plus important jamais soumis au Grand Conseil, afin de réduire les émissions de CO2 du parc immobilier de l'Etat tout en augmentant la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique des bâtiments via l'installation de 40'000 m2 de panneaux photovoltaïques et de pompes à chaleur. Et enfin, l'utilisation de matériaux durables va progressivement être encouragé via l'intégration du calcul obligatoire de l’empreinte carbone des matériaux - et donc de l'énergie grise des bâtiments - dans la loi sur les constructions et installations (LCI).


Figure 2: Objectifs de développement du solaire photovoltaïque à Genève, en GWh/an

(Source: OCEN)


Tout comme les chocs pétroliers des années 1970 avaient massivement poussé les gouvernements à investir dans l'efficacité énergétique, entrainant dans leurs sillages des améliorations substantielles dans l'efficacité énergétique des voitures, des appareils électroniques et des bâtiments, la crise énergétique que traverse le monde en ce moment va-elle découler sur des changements durables dans nos modes de production et de consommation d'énergie? C'est en tout cas ce que les premiers signes laissent à penser.

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